Diogène et le XXIe siècle

Barack Obama : Black is back


Mots clés : Obama, web, gouffre, capitalisme, individualisme, prophétie, Serres.

Orientation  :   
    La tentation est grande de voir en Obama le recours compossible à l’accomplissement de la prophétie eschatologique des médias. Si la noirceur de l’avenir tient plus de son inaccessibilité à la connaissance qu’à la certitude supposée de la fin du monde, Barack Obama vient accentuer la pénombre futurologique tant le caractère soudain de son émergence rend impossible toute prédiction quant à sa politique à venir. Black is back.

Texte :
Barack Obama a été porté au pouvoir par les noirs, les jeunes, les femmes, les intellectuels… bref par les exclus et les dominés d’un système capitaliste phallocratique, gérontocrate et occidental. La moitié des fonds colossaux réunis par les démocrates l’a été sur le web par l’addition d’une foultitude de micro-dons et ceci est un début de camouflet au nez des grandes multinationales et du système représentatif. Si le constat devait s’arrêter là il serait déjà prodigieusement révélateur d’un tournant historique majeur. Et c’est vrai : il y aura le 20 janvier 2009 un noir à la maison blanche… Il y aura aussi un intellectuel... S’il y a une continuité, elle se retrouve sur le plan de l’adhésion religieuse. Barack Obama est un croyant et, au final, les détails de sa religiosité ne nous intéressent guère. Seul fait sens le fait qu’il soit croyant, comme l’est dans son ensemble ou à peu près la société américaine. Il y a de la téléologie dans l’air.
Régis Debray est aux anges. En tout cas il devrait l’être tant cette élection vient confirmer ses thèses les plus discutables. Et si Camus sourit dans sa tombe avant de se retourner, il conviendrait d’interpréter autrement et à l’aulne de l’actualité planétaire cette prophétie usée jusqu’à  la corde. Mais contextualisons maintenant. Le XXIe siècle s’ouvre sur un gouffre insondable. L’individualisme y a atteint la paroxystique eschatologique merveilleusement illustrée par le paradigme de l’attentat suicide. Il se fonde désormais sur le jeu des chaises musicales où chacun tente de faire le meilleur coup. Qui est Ben Laden sinon un éminent représentant du nihilisme internationalisé qui a trouvé bien plus « peps » de devenir chef de bande que de forniquer toute une vie durant dans un hôtel cinq étoile de Riyad. Une libido défaillante serait-elle à l’origine de l’effondrement des tours jumelles ? Restons encore un peu au bord de l’insondable précipice. Qu’est-ce que le capitalisme hautement financiarisé sinon une table de poker bancale où se côtoient millionnaires solipsistes et pères de famille, malfrats et banquiers, jeunes loups et vieux briscards, mathématiciens et joueurs invétérés… Le système se bloque-t-il d’un coup qu’il faut en appeler à l’état, c'est-à-dire aux quidams assemblés, pour qu’il déverrouille, nationalise, incite, réfléchisse, prépare, repense et relance le système une fois amélioré… Et nous sommes là encore une fois au bord du gouffre. Restons y encore ! Parce qu’il faut y ajouter la menace climatique et la soudaine apparition devant nos yeux médusés de la planète Terre, notre île. Un nouvel être est né, une ontologie nouvelle doit être bâtie… Michel Serres s’y atèle et voilà surgir de nulle part, du fond de l’insondable, le Biosom métaphysique. L’ensemble de nos relations avec le monde établies depuis des millions d’années pour certaines va devoir être remisé car il faut repenser l’agriculture, l’élevage, l’habitat, les migrations aux échelles micro et macro… Le vieux fond anthropologique est suranné au même titre que les constructions les plus récentes. Il y a déjà débat sur la pertinence de l’échelon national en Europe... Mais ce débat est inéluctablement pollué par le jeu des chaises musicales.
Alors quand on mesure l’engouement planétaire pour cette élection, le symbole qu’elle véhicule qui transcende les vieilles institutions historiques (Etats, Religions, Partis politiques, Races...) et l’attente qu’elle vient de susciter, on ne peut être pris que de compassion pour le futur président des Etats-Unis. Le voilà donc devant nous tous, au plus près du précipice, au bord de l’insondable gouffre d’où pourrait jaillir la plus improbable des chimères… Le plus grand risque ne serait-il pas pour lui de tomber dedans avant qu’on ne l’y pousse ?                

Diogène

Une question parmi d’autres : « Obama lèvera-t-il l’embargo sur Cuba ? »

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11/11/2008
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